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Le chiffre du mois

 

1 100 000

C'est le nombre de visites qu'a comptabilisées l'offre de la plateforme Sillages, qui propose notamment 6 FLOTs (MOOCs) en plus d'autres ressources éducatives.

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Quoi de neuf en e-éducation ? 

(avril - mai 2016 )

 

MOOCs, e-learning

Futurelearn lance des "Certificates of Achievement" (certificats de réussite) plus détaillés et rigoureux. Ils comporteront notamment le descriptif des compétences obtenues, le syllabus du cours suivi et ne seront disponibles que pour les apprenants ayant suivi 90% du cours et obtenu une moyenne supérieure à 70%. La plateforme lance également ses premiers MOOCs donnant lieu à des crédits universitaires, par le biais de ses partenariats avec l'Université de Leeds et avec l'Open University. 

La plateforme My Mooc, spécialisée dans le recensement et la notation de MOOCs, prépare une offre destinée aux entreprises. Elle vient de mettre en place un service sur-mesure dédié aux services de ressources humaines : "à partir des mots-clés et des notes déposées par les internautes, [My Mooc] est en mesure de proposer à [ses] clients une sélection mensuelle de MOOCs qui correspond aux besoins de formation".

Le terme "MOOC" entre dans le dictionnaire Larousse.

En Australie, le gouvernement a fixé pour son pays un objectif de 110 millions d'inscrits à des MOOCs pour 2025.

Dans un récent article, Afpa, Orange et Eurotunnel expliquent comment la digitalisation de leurs formations a permis d'améliorer la notoriété de métiers peu connus.

A l'initiative de l'Agence Erasmus+ France Jeunesse & Sport, 15 jeunes européens se sont réunis à Marseille pour créer COSMOOC, un MOOC sur la gestion de projets internationaux de jeunes.

Les MOOCs seraient-ils la solution aux problèmes de l'enseignement supérieur en Afrique ? Un article du Monde fait le point sur le sujet.

Pour Linkedin, l'acquisition l'an dernier de Lynda.com va permettre à la compagnie de redéfinir l'éducation en ligne en faisant le lien entre des formations et des offres d'emploi.

Le projet européen EMMA lance un appel pour la conception de MOOCs en collaboration avec la plateforme de ressources culturelles Europeana.

Formation, enseignement supérieur

Sur les huit établissements lauréats 2011 et 2012 du programme baptisé « initiatives d’excellence » (IDEX), trois seulement ont été confirmés par le premier ministre.

Google et Facebook pourront-ils bientôt décerner des diplômes reconnus par l'état au Royaume-Uni ? C'est en tout cas la proposition de Jo Johnson, secrétaire d'État aux universités et aux sciences, parue dans un rapport conçu pour guider les futures réformes universitaires du Royaume-Uni.

Recherche, rapports, bilans

Dans son blog, Matthieu Cisel se pose les questions suivantes : Le niveau d’exigence des MOOCs aurait-il chuté au fil des années ?, Comment comprendre les intentions des participants à travers l’étude du comportement d’inscription ? Le doctorant a également partagé la bibliographie de sa thèse et ouvert un nouveau blog, "Numériques Pédagogiques", orienté recherche. 

Une étude de la Pennsylvania State University a montré que les apprenants qui utilisent Facebook dans le cadre de MOOCs sont plus susceptibles de rester dans le cours.

Un rapport de l'Open University identifie 7 tendances clés en éducation pour 2016 : l'apprentissage fortuit (incidental learning), l'enseignement adaptatif, les MOOCs, les badges (accreditation badges), les learning analytics, les ebooks et le mobile learning. Ce rapport peut être téléchargé ici

Le Baromètre de l’Observatoire Cegos 2016, intitulé "La formation professionnelle en France et en Europe + Focus sur les effets de la Réforme de la Formation Professionnelle", a été publié ce mois-ci. 

D'autres parutions récentes :

• Does Formal Credit Work for MOOC-Like Learning Environments?

• Report : Learning analytics in higher education, a review of UK and international practice

• IBM : The Future of Personalised Education

• Online Learning Consortium Infographic : The 2016 Higher Education Online Learning Landscape

• Le numérique, un remède à la pédagogie

Technologies, numérique

Xavier Niel ouvre une seconde école 42, mais cette fois-ci, aux États-Unis : le nouvel établissement ouvrira ses portes dans la Silicon Valley.

CS50, le cours d'informatique le plus populaire sur le campus d'Harvard, fera appel à la réalité virtuelle dans sa version MOOC, disponible cet automne sur edX.

Dropbox lance une offre à destination des lycées et universités.

Le jeu Pagamo, créé par un professeur taiwanais pour un cours sur Coursera, s'est transformé en une plateforme de gamification massive applicable à n'importe quel sujet.

Le Conseil National du Numérique a remis à Thierry Mandon et aux acteurs de l’Enseignement supérieur un référentiel de transformation numérique de l'ESR destiné à "construire, compléter ou guider les stratégies des établissements".

Partenariats, financements

L' université russe ITMO devient partenaire d'edX.

La plateforme d'e-learning irlandaise Alison et le groupe indien spécialisé dans l'éducation Aisect s'allient pour créer Aisectmoocs, une nouvelle plateforme de MOOCs indienne

Un article d'Educpros fait le point sur le fundraising dans l'enseignement supérieur.

Le réseau de peer-to-peer learning, Brainly, qui fonctionne comme un "Quora pour les étudiants" (site collaboratif de questions-réponses), lève 15 millions de dollars.

Smartivity, la startup spécialisée en réalité augmentée pour l'éducation lève 1 million de dollars

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Dossier : "Le point de vue de... Pierre Dillenbourg sur la recherche en informatique pour l'e-éducation"

Pierre Dillenbourg est professeur en technologies de l'éducation à l'EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne). Après avoir été instituteur en primaire, il a obtenu un master en sciences de l'éducation ainsi qu'un doctorat en intelligence artificielle. Responsable du laboratoire de recherche CHILI (Computer-Human Interaction for Learning & Instruction), il est également le directeur académique du Centre pour l'éducation à l'ère digitale, ouvert en avril 2013, qui produit les MOOCs de l’EPFL et pilote sa stratégie MOOC.

Pierre Dillenbourg a accepté d'échanger avec nous sur la question de la recherche en informatique pour l'e-éducation. Il nous donne notamment son point de vue sur son évolution en France, mais aussi en Europe. 

Aujourd'hui, la recherche en e-éducation semble principalement réalisée dans le domaine des Sciences Humaines et Sociales. Pourquoi faire de la recherche en informatique pour l'e-éducation ?

Cette affirmation n’est pas correcte : en France et dans le monde, des laboratoires d’informatique ont de tout temps été impliqués dans la recherche sur les technologies éducatives. Certes, cela leur demande de faire un pas vers les sciences de l’éducation. Un chercheur qui invente une architecture ou un algorithme censé améliorer, par exemple, l’adaptation de l’instruction aux besoins de l’apprenant, doit pouvoir prouver cette supposition par une étude empirique. Ceci le force donc à emprunter les méthodes de la pédagogie expérimentale : recruter des participants, analyser les données, etc. Il est difficile de publier sans ces résultats.

Il est vrai que cela peut être pénalisant : un doctorant ne peut se contenter de développer son travail de thèse dans son laboratoire, il lui faut des mois de contacts et de travail pour réaliser ces expériences et en analyser les données. Pour être honnête, une bonne thèse nécessite souvent 2 ou 3 expériences, ce qui rallonge le processus. Mes doctorants sont tous des informaticiens : au départ, ils craignent ces expériences dans les écoles mais, au bout de la thèse, la plupart deviennent "accros" à cette confrontation à la crue réalité. 

Quelles sont les grandes thématiques sur lesquelles les chercheurs en informatique peuvent apporter leur contribution ?

Le thème le plus porteur aujourd’hui est certainement l’application des méthodes de machine learning aux traces éducatives, un domaine qu’on appelle « learning analytics » et qui possède déjà ses propres conférences et journaux. Plusieurs équipes françaises travaillent sur ce thème. Les applications ne devraient pas être limitées à l’enseignement en ligne : si on arrive à prédire l’abandon d’un étudiant dans un MOOC (ce qui ne constitue pourtant pas un drame), pourquoi ne pas prédire quel enfant de 6 ans aura des problèmes pour écrire correctement, ce qui plombera toute sa scolarité ?

Dans mes travaux récents, j’ai aussi souvent recours aux méthodes de "computer vision" : par exemple, on place deux caméras devant une classe pour estimer le niveau d’attention d’une classe de 50 étudiants ("classroom analytics"). Les développements spectaculaires de la robotique et de la réalité augmentée ouvrent des possibilités immenses pour la formation professionnelle (l’apprentissage est un secteur que les autorités françaises aimeraient renouveler, nous-mêmes y travaillons beaucoup).

Il ne faut pas voir les technologiques éducatives comme le "e-learning de grand papa" avec ses QCM ou comme étant restreintes aux MOOCs. Pensons plutôt aux simulateurs de vols, inventons des skis intelligents qui donnent un feedback sur l’attaque des portes de slalom, intégrons davantage les réseaux sociaux et la formation en ligne. 

Quelle est la valeur ajoutée de la recherche en informatique dans le domaine de l'e-éducation ? Quelles synergies, quelles collaborations serait-il possible d'imaginer avec d'autres disciplines ?

Outre les laboratoires de technologies éducatives, vous possédez en France d’excellents laboratoires dans le domaine de l’interaction-personne machine (HCI), un domaine interdisciplinaire assez proche des technologies éducatives par le besoin de dialogue entre l’informatique et les sciences cognitives. Ce serait un bon point de départ. Mais attention à ne pas confondre HCI et éducation : une interface "usable" tente, par exemple, de minimiser la charge cognitive de l’utilisateur, alors qu’en éducation, apprendre nécessite une certaine charge cognitive, une certaine intensité dans le traitement de l’information. Je suggérerais de créer des duos entre vos labos HCI et les laboratoires universitaires français actifs en technologies éducatives.

Une autre approche consisterait à collaborer avec des laboratoires de sciences de l’éducation, du moins ceux qui travaillent sur les "processes" d’apprentissage ou d'enseignement. Certes, il existe un écueil que j’ai souvent rencontré dans ces collaborations : les chercheurs en éducation ont besoin de développeurs pour construire les systèmes qu’ils vont expérimenter et ne comprennent pas toujours que ce développement ne constitue pas forcément un objet de recherche intéressant pour un informaticien. C’est pour cela qu’il ne suffit pas de faire collaborer des informaticiens et des pédagogues. Une suggestion serait de recruter quelques-uns des français brillants qui baignent dans cette double culture "computation-cognition" au sein de laboratoires étrangers.

Quelle est votre vision sur la recherche en Europe sur ces sujets ? 

Au Royaume-Uni, les technologies éducatives ont bénéficié d’une forte proximité avec les laboratoires HCI. L’Europe du Nord bénéficie d’une forte tradition en pédagogie expérimentale. Aujourd’hui, l’Allemagne et les Pays-Bas sont les leaders dans la recherche en technologies éducatives mais l’informatique y est moins représentée en tant que discipline.

Ce vide offre une opportunité à la France de développer une identité forte dans ce domaine. Par sa tradition d’excellence en mathématiques, la France pourrait placer très haut le niveau d’ambition, ne pas simplement contribuer aux technologies éducatives mais fonder une science que j’appellerais "computational education". Je m’explique. Les "data sciences" ont transformé de nombreuses disciplines scientifiques mais la recherche en éducation repose sur des méthodes expérimentales développées il y a 50 ans : groupe contrôle et groupe expérimental, pré-test et post-test, ANOVA (Ndlr: analyse de la variance)... Mais le monde a changé. La séquence d'actions d’un instituteur et de ses élèves, au sein d’une classe qui n’aurait aucune technologie, pourrait être modélisée avec des chaînes de Markov ou des réseaux bayésiens. L’informatique ne serait plus uniquement pour les chercheurs en éducation un outil de calcul et un outil d’enseignement mais devrait devenir un outil de modélisation. Produisons une génération de chercheurs pour qui Vygostky, Markov, Cronbach, Fourier, Piaget et Shannon forment un univers cohérent !

Comment expliquer que peu de laboratoires de recherche en informatique pour l'e-éducation soient encore visibles ? Comment augmenter cette visibilité ? 

C'est un point de vue. Je crois au contraire que certains laboratoires de technologies éducatives sont très visibles… mais sans doute à l’intérieur de leur communauté. Mais n’est-ce pas le cas des autres branches de l'informatique ? Est-ce que vos laboratoires de cryptographie sont connus des chercheurs en "computer vision" et vice-versa ?

Ceci étant dit, le caractère interdisciplinaire de notre secteur est un handicap en termes de visibilité. Mes collègues informaticiens me voient comme un pédagogue et mes collègues pédagogues comme un informaticien. C’est la vie. Si j’envoie un projet de recherche d’un côté, ils le renvoient de l’autre côté. L’interdisciplinarité est toujours idéalisée dans les discours scientifiques mais reste pénalisée dans nos institutions. La plupart des facultés préfèrent encore engager des personnes issues de "core computer science" plutôt que des chercheurs situés entre les disciplines. C’est la vie (bis). Les chercheurs sont, comme tous les humains, biaisés par cet irrésistible besoin de définir des territoires, de marquer des frontières… Certains parlent de "vrais informaticiens" comme d’autres parlent de ‘"vrais français". La seule manière de faire évoluer cette perception de notre domaine est probablement la réussite, c'est à dire notre capacité à démontrer l’impact de nos travaux sur l’éducation. Pour cela, les MOOCs nous ont aidés à gagner en visibilité.

La communauté française sur les technologies éducatives a connu de grands succès, tels que Cabri-Géomètre, mais est devenue plus discrète depuis quelques années alors qu’elle a tous les atouts (en sortant de ses frontières) pour regagner la place qu’elle mérite. Je reviens sur le thème de la formation sur le mode de l'apprentissage : la France en a besoin, proposez-lui des solutions.

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Évènements



Mois de juin

International Conference on e- Learning 2016 - Kuala Lumpur (Malaysie), du 2 au 3 juin 2016.

Venue exceptionnelle de l'expert international en stratégies interactives de formation : Thiagi - Bruxelles (Belgique), du 2 au 4 juin 2016.

2016 International Education Conference - Venise (Italie), du 5 au 9 juin 2016.

AIPU 2016 (Congrès de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire) - Lausanne (Suisse), du 6 au 9 juin 2016.

VIIème colloque international du réseau Ophris «Numérique et Accessibilité dans l’enseignement scolaire et supérieur - Suresnes, du 7 au 8 juin 2016.

ORME 2.16 - Marseille, du 8 au 9 juin 2016.

mLearnCon 2016 (mobile learning) - Austin (Texas), du 8 au 10 juin 2016.

World Learning Summit 2016 - University of Agder (Norvège), du 13 au 16 juin 2016.

OpenedX Conference - Stanford University, le 14 juin 2016.

Conférence Recherche : "Valorisation, financement, quelles stratégies adopter ?" - Paris, le 16 juin 2016.

Rencontres Jeunes Chercheurs en Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain - Montpellier, du 16 au 17 juin 2016.

ISTE 2016 (Educational Technology) - Denver (Colorado, États-Unis) du 26 au 29 juin 2016.

2016 Learning Analytics Summer Institute - University of Michigan (États-Unis), du 27 au 29 juin 2016.

3rd Teaching & Education Conference - Barcelone, du 28 juin au 1er juillet 2016.

The European Conference on Education 2016 ECE2016 - Brighton (Royaume-Uni), du 29 juin au 3 juillet 2016.

The Future of Education International Conference - Florence (Italie), du 30 juin au 1er juillet 2016.

A venir

EDULEARN, 8th annual International Conference on Education and New Learning Technologies - Barcelone (Espagne), du 4 au 6 juillet 2016.

SIGGRAPH Conference on Computer Graphics and Interactive Techniques (event in computer graphics and interactive techniques) - Anaheim (Californie), du 24 au 28 juillet 2016.

European Conference on Technology Enhanced Learning - Lyon, du 13 au 16 septembre 2016.

International Conference MOOCs, Informal Language Learning, and Mobility - Milton Keynes (Royaume-Uni), du  20 au 21 octobre 2016. Deadline de l'appel à contributions le 30 juin.

Educause 2016 - Anaheim (Californie), du 25 au 28 octobre 2016.

Online Educa Berlin - Berlin (Allemagne), du 30 novembre au 2 décembre 2016.

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Crédits images : INRIA-0126-141.jpg © Inria / Photo Kaksonen ; Pierre Dillenbourg © EPFL ; Rencontres Inria-Industrie "Technologies du Web", Inria-0210-045.jpg © Inria / Photo Anteale

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Newsletter du sous-projet uTOP Inria "Valorisation de la recherche par la formation", réalisée dans le cadre du projet IDEFI uTOP, en coordination avec le partenariat Inria-Universités numériques fuscia.
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